Exclusion

Publié le par donquichotte14

Mamie ne veut ni être prise en photo ni qu'on en sache long sur son identité. A 62 ans, Mamie est arrivée sur le campement des Enfants de Don Quichotte la semaine dernière. « Je me repose un peu et dès que je me le sentirai je repartirai de Toulouse. Je sais très bien que ma place n'est pas ici. Que ce ne sont pas des conditions de vie pour une mamie ». Au moins, sur le campement de Saint-Pierre des Cuisines, Mamie a-t-elle trouvé solidarité et générosité : « Ici, tout le monde me respecte. Laurent m'a prêté sa tente. » Elle y a trouvé aussi le temps de souffler : « Je peux dormir, personne ne me presse. »

Peu diserte sur les raisons qui l'ont conduite à la rue, Mamie dit seulement que son passage en foyer s'est assez mal passé. Elle dit aussi que la vie l'a complètement brisée. Survivante à sa famille, Mamie a perdu son mari, ses trois enfants et ses cinq petits-enfants. Dans sa vie d'avant, Mamie était aide soignante, dans le Cantal. « On avait une belle maison… J'aimais bien les feuilletons télé : « Amour, gloire et beauté », « les Feux de l'amour »… J'ai tellement galéré… Les deuils, la maltraitance… C'est la société qui m'a fait du mal. » Les phrases arrivent ainsi, un peu décousues car Mamie est fatiguée. Elle souffre de pathologies graves. Thyroïde, cœur, poumons. Lasse, Mamie : « Je ne mérite pas cette vie-là, mais c'est comme ça. »

Au reste, les Don Quichotte souhaiteraient voir son cas traité en priorité par la préfecture. Pour l'heure, en vain.

Les autres ? Un couple a été relogé, et un jeune homme a quitté le camp hier pour une place de stabilisation dans un foyer. « Les discussions de propositions de relogement individuel se poursuivent pour les 25 et quelques personnes. Une nouvelle réunion a lieu la semaine prochaine », note Louis Quentin, porte-parole des Enfants de Don Quichotte. Mais préfecture et mairie demeurent sourdes à leur demande de terrain avec point d'eau et sanitaires. Le camp n'est pas près d'être levé.

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